(…) le narrateur est venu à Taïwan sur les traces de sa propre histoire. Quelqu’un est mort, le lecteur le sait depuis la première page, et le narrateur retarde aussi tard que possible le moment où il entrera dans la ville de Taipei, où il retrouvera les lieux qu’il a partagés avec cette personne qui demeurera toujours à la lisière du texte, où il a vécu avec elle, où ils se sont aimés. Avant, tout est prétexte pour dévier de sa route, comme se rendre sur les minuscules îles Pescadores, transformer le récit de deuil en carnet de voyage, assister à une curieuse cérémonie de désenvoûtement, se mêler aux pécheurs, se fondre dans les paysages comme dans autrui pour mieux s’oublier soi, certainement.
Il serait presque tentant de lire ce livre comme un récit ethnographique, porté par une langue précise et imagée, après tout le lecteur que je suis ne connait quasiment rien aux mœurs et coutumes populaires taïwanaises, mais si le livre semble s’écarter de son propos, c’est justement pour mieux nous y replonger. Et la douleur du deuil, elle, est universellement familière.
Eric Pessan
Une écriture somptueuse d’élégance. J’ai beaucoup aimé ce livre, tellement fin et délicat qu’il mérite une seconde lecture, presque immédiatement.
Bernard Bretonnière
Ce livre est une merveille de justesse et de profondeur. Un livre tout en retenue, simple, bouleversant, essentiel. A lire, à relire, à offrir à ceux qui nous sont chers.
Violaine Azéma
Posts Facebook, 24 août 2021
J’ai aimé À contre-jour, la nuit. L’écriture est dense : je m’y attendais (j’avais lu Éthiopiques), elle demande de l’attention, et c’est une qualité : il faut se concentrer pour éprouver les sensations décrites par l’auteur, les paysages, les parcours, la nourriture, l’oiseau. C’est un voyage sensoriel.
C’est étonnant comme le sujet du deuil est abordé aussitôt, puis contourné, pour n’être abordé frontalement qu’à la toute fin. Mais ce n’est pas vraiment un évitement, c’est un chemin de traverse : il faut passer d’abord par les esprits d’autres disparus, par les vies antérieures de personnes quasi inconnues de soi, par le mythe ou la croyance (la fiction), avant d’oser aborder la disparition qui compte, celle qui guide le voyage, le manque qui pousse à écrire. À la fin, enfin, cette scène toute simple (observer la fenêtre de l’appartement autrefois habité), presque banale (quel sentiment plus largement partagé que la douleur de l’absence ?), qui devient forte par contraste, après ces circonvolutions dans le récit et dans le voyage.
Merci de me l’avoir fait découvrir.
Antonin Crenn, mail du 3 septembre 2021
J’y ai vu une véritable œuvre, un plein travail, un livre entier. j’y ai lu une Odyssée et une Iliade : une tentative d’ouverture dans la première partie et un face à face réussi dans la seconde.
Julie Siaudeau, mail du 25 septembre 2021
Quelle émotion… je me sens totalement hypnotisé par l’écriture de Christophe, je ne sais pas bien comment l’exprimer : il y a là une fluidité, une évidence, une délicatesse qui vient me toucher au cœur (tu te doutes comme son chemin d’écriture /de deuil me parle….) et en même temps une langue qui d’une certaine façon m’intimide toujours… J’oscille entre le confort de ce qui m’apparaît familier et l’élan de ce qui ne cesse de m’échapper…
Cyrille Latour, message 12 septembre 2021
C’est très beau. Il y a des intonations un peu proustiennes dans ce livre.
Une intense mélancolie en tout cas. C’est un beau récit sur le temps qui passe, sur ce qui n’est plus, la jeunesse perdue (dirait Modiano), les amours mortes.
La langue est élégante et soignée. C’est aussi un récit intime, une confidence presque.
Alain Girard-daudon, mail, 29 septembre 2021
J’ai lu avec énormément de plaisir à contre-jour, la nuit (…) Le roman est lumineux, généreux, ouvert. Les autres, le lecteur, l’être aimé et disparu bien sûr, mais l’autre en général y est l’objet d’attention, de curiosité, d’affection. La lumière au reste y occupe une grande place. Elle éclaire aussi le style, aéré, spontané. Et puis j’y ai retrouvé le Taiwan que j’ai tant aimé. Un grand merci pour ce livre.
Pierre V., mail à l’auteur, 30 octobre 2021